caresse et bise à l'oeil
des projets plein la tête, encore, et des envies tyranniques. prendre du temps, voir des amies et finir ces satanées copies. machine à coudre en berne, moral fluctuant par trop de chaleur et trop d'infâmie de l'existence, la poulette s'apprête à passer une journée libre sans s'approcher du damné tissu qu'elle voulait pour se faire une jupette et une veste. rien qu'en l'écrivant, elle s'imagine déjà, aussi, coupant une nouvelle tenue pour sa poussinnette et la tunique de baptiste. elle résistera, car résister, c'est aussi exister, comme l'affirment en choeur nietzsche et france gall.
même si la platine crache, elle se mettra du baume au coeur en passant en boucle coco rosie ou joe dassin, car la poulette a des goûts fort éclectiques. elle a déjà bien avancé, il faut le dire, mais il lui faut finir. et voilà encore son esprit qui vagabonde: "fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut-être finir" ces mots résonnent en elle du lointain temps de ses études, et elle repense qu'elle voulait étudier cette pièce avec ses petits élèves. ces mots résonnent fort en elle: un ami malade, la vie qui court, toutes ces choses qu'on aimerait voir finir et puis celles dont on voudrait qu'elles ne s'arrêtent jamais.
hier soir, en rentrant d'un atelier de clown où la poulette a beaucoup crié pour qu'on ne lui marche pas sur les pieds, le flash info lui a aussi rappelé qu'aimé césaire n'est plus. elle venait d'entendre un délicieux concert de coco rosie, lenoir venait de dire "caresse et bise à l'oeil", et puis on faisait un hommage à aimé césaire au panthéon. aimé césaire. faudrait vraiment que la poulette en reparle à ses élèves.
le foulard en toute liberté est cousu. mamiette se réchauffera de chardons d'hiver. quand le poussin a une dent qui bouge, c'est la poulette qui grandit. tout d'un coup. et comme les poules n'ont pas de dents, les souris dansent. la poulette est juchée sur un mur de copies. fort heureusement, ce n'est pas si souvent.