cré moi, cré moi pas...
c'était un samedi joli. il faisait frais et ensoleillé et puis on s'était levés de bonne heure. ça tombait bien parce qu'il y avait le marché et qu'au printemps, le marché c'était délicieuses fraises, petits pois, navets, oeufs frais, soleil et fleurs. festival de couleurs et de douceurs. on cuirait le poulet du samedi, on écosserait les petits pois, on déposerait les asperges au fond de la casserole, on laverait les fraises.
le petit bonhomme s'apprêtait à faire son show; il chantait sa chanson douce, et la poulette émue l'écoutait fière. son ton était doux, sa voix portait juste et ses mots la renvoyaient au soir de novembre où, seule avec son monitoring, elle avait poussé ces quelques mots tristes et doux, pour accompagner sa peur et sa joie de devenir mère. "cré moi, cré moi pas, quequ'part en alaska, y'a un phoque qui s'ennuie en maudit". ces premiers mots la bouleversaient toujours autant et le petit bonhomme la chantait, et la poussinnette lui suivait. et on préparait les fraises, les petits pois et le pâté de roquefort. chacun chantait, doucement, et écoutait l'autre.
on souriait et doucement grillait le poulet à l'estragon. "maman, je t'aime plus fort que tout le monde"
le poussin porte une tunique citronille en taille 6A, tissus lydie confiture et paniers vert pomme, un pantalon vu ici, et une veste vue là...