à corps et à cris
la poulette et son poulailler avaient passé des heures difficiles.
un poussin âgé de 4 ans s'était subitement mis à devenir un petit tyran, hurlant, exigeant, grognant, et retrouvant les bonnes vieilles colères des deux ans et demi trois ans.
il réclamait à corps et à cris cette liberté promise et fantasmée que devaient apporter ses quatre ans.
il croyait être le maître de son existence.
la poulette et monsieur poulet-matmut en étaient si désemparés qu'ils passaient de longues heures à imaginer un futur angoissant, où l'ado prépubère, en l'an 2020, refuserait de se lever de son lit et d'articuler le moindre son agréable. ils imaginaient aussi que l'infâme tototte aurait disparu, mais n'arrivaient pas à savoir comment.
pour autant, ils profitaient de l'adorable poussinnette, dont les cris étaient nettement moins oppressants.
la poulette était sortie la veille et avait, avec une énergie phénoménale, retrouvé sa clowne, sa merveille, celle qui lui donnait l'énergie nécessaire à tout. sa clowne lui rendait sa libido, son désir de vivre, d'exister, de jouer, de rire, et d'accepter de pleurer. la veille, sa clowne avait été joyeuse, zébulonnante et trépidante.
une merveilleuse rencontre.
elle avait aussi corrigé 70 exercices de bac blanc et avait tout autant de commentaires composés à regarder ce jour-là. et cela la rendait joyeuse.
du coup, quand la poussinnette qui avait dormi sans couche par une facétie de monsieur poulet-matmut se réveilla en pleurant, elle la couvrit de baisers, et lui prépara sans grogner son cacao. elle laissa le poussin se lever tranquille et passa, pour la première fois depuis 15 jours, un matin calme et serein.
sans colère. sans cris.
juste avec le corps chaud et ensommeillé de ses petits.